dimanche 28 août 2011

La Piel que habito

de Pedro Almodovar, avec Antonio Banderas, Elena Anaya et Marisa Paredes (1h57).

Qui est donc Vera et de quoi souffre-t-elle pour vivre seule dans sa chambre, enfermée, et constamment vêtue d'une combinaison couleur chair qui sculpte sa silhouette impeccable ? Et quelle est sa relation avec le Docteur Robert Ledgard qui la tient recluse dans sa propriété de Tolède, avec la complicité de Marilia, la maîtresse de maison ?

Le moins que l'on puisse dire est que La Piel que habito, dernier film du cinéaste madrilène Pedro Almodovar, ne manque pas de suspense et de zones d'ombre. Et plus on s'enfonce dans le film, plus il se fait lourd et grave, sombrant dans la douleur des blessures identitaires et dans la folie des hommes. On pense aux Yeux sans visage de Georges Franju ou encore à Vertigo d'Alfred Hitchcock, mais c'est bien l'univers du réalisateur espagnol qui nous absorbe.

Quand Pedro Almodovar s'empare des progrès de la médecine pour s'interroger sur les questions d'identité et de rapport à la mère qui parcourent toute sa filmographie, ça donne un film trouble et dérangeant. Le réalisateur distille les informations au compte-goutte pour amener le spectateur à comprendre la gravité de la situation et faire émerger la violence des sentiments qui animent les personnages, tout en restant toujours à l'écart de la morale.

Antonio Banderas est parfait dans son rôle de chirurgien esthétique à la dérive et Elena Anaya magnifique et toute en fragilité. Quant à Marisa Paredes, elle incarne à merveille le rôle matriarcal de la femme de maison et confidente du médecin, toute en subtilité et en conviction.

On est surpris, bousculé, dérangé et une fois de plus touché par la valse des émotions que le maestro Pedro a su mettre en musique et en accords pour nous donner la chair de poule. Pari réussi !