lundi 28 décembre 2009

Vincere

de Marco Bellochio, avec Giovanna Mezzogiorno et Filippo Timi (1h58).

Ida Dasler rencontre Mussolini pour la première fois à Trente en 1907. Elle est subjuguée par le charisme du jeune homme. Lorsqu'ils se retrouvent 6 ans plus tard à Milan débute entre eux une liaison charnelle et exclusive. Ida est prête à tout pour satisfaire les ambitions de son amant. Elle vend tous ses biens et lui donne son argent afin qu'il puisse fonder son journal : "Il Popolo d'Italia". En 1915 naît de cette liaison un enfant : Benito Albino. Si dans un premier temps Mussolini reconnaît ce fils illégitime, il n'aura de cesse de cacher cette "honte" dès qu'il aura atteint les ors du pouvoir...

Marco Bellocchio a découvert cet épisode méconnu de la vie du Duce en regardant un documentaire télévisé. Il est vrai que ces faits ont été peu médiatisés. Le réalisateur a d'emblée été intéressé par le personnage d'Ida Dasler, mère courage décidée à faire reconnaître la vérité sur sa relation avec Mussolini et le fait qu'il est le père de son enfant.

C'est d'ailleurs ce qui fait l'intérêt du film : ce glissement progressif de la personnalité de Mussolini vers celle d'Ida Dasler. Il est tout à fait intéressant et significatif de constater que l'acteur Filippo Timi qui interprète le Duce disparaît littéralement du film comme il s'efface de la vie d'Ida Dasler, faisant place à des images d'archives de l'homme politique.

Giovanna Mezzogiorno est très convaincante dans le rôle d'Ida Dasler, internée pour ne pas déranger, qui ne cesse de crier la vérité au monde. Elle mourra en hôpital psychiatrique, comme son fils.

lundi 7 décembre 2009

Ciné-Tic dans Zappez plus net


Connaissez-vous "Zappez plus net" ? Cette émission diffusée par France 3 Bourgogne/ Franche-Comté fait la part belle au web.

Elle est consacrée aux bourguignons et franc-comtois (comme moi) qui animent un blog ou un site internet. Et mon blog Ciné-Tic est passé dans l'édition du 28 novembre dernier.

En allant sur le site de l'émission, vous saurez pourquoi j'ai intitulé ce blog "le blog des cinéphiles en mouvement" et comment je conçois mes critiques.

Un seul objectif à tout cela : inciter les spectateurs à se rendre dans les salles obscures.

Alors bonne séance !

mercredi 25 novembre 2009

Le ruban Blanc

de Michael Haneke, avec Christian Fiedel et Ulrich Tukur (2h25).

A la veille de la première guerre mondiale dans un village protestant d'Allemagne du nord. Des événements étranges prennent l'allure d'une croisade punitive. Qui se cache derrière tout ça ?

Une fois de plus Michael Haneke se penche sur les mécanismes de la violence. Mais contrairement à ce qui apparaissait dans son avant-dernier film, "Funny games US", la violence du ruban blanc est plus sournoise, plus feutrée. Les exactions ont lieu à visage couvert, dans une société où l'on étouffe le mécontentement. Où l'on punit les enfants à l'abri des regards réprobateurs.

Une fois de plus, derrière la froideur et la distanciation des images, d'un noir et blanc irréprochable, on saisit la critique du cinéaste, obsédé par la responsabilité de l'éducation dans la formation de la violence.

Le film est riche, dense. Et l'on n'est pas surpris qu'il ait obtenu la Palme d'Or du dernier festival de Cannes, tant sa mise en scène est maîtrisée. A noter la participation au scénario de Jean-Claude Carrière, le grand scénariste français, en tant que consultant.

mardi 27 octobre 2009

Tabou (1931)

de Friedrich Wilhelm Murnau et Robert Flaherty (1h24).

Quand le réalisateur allemand le plus doué de sa génération s'associe au plus grand documentariste anglais de son époque, ça donne Tabou.

Tabou est l'histoire d'un amour pur et simple contrarié par le destin et les croyances tribales. Matahi, jeune pêcheur de l'île de Bora-Bora est amoureux de la belle Reri. Mais le chef de la tribu décide de la vouer aux Dieux...

Le film est d'une beauté ahurissante dans sa description de la vie idyllique des îles polynésiennes. Associée à la dramaturgie d'un amour impossible, cette beauté paradisiaque prend des airs de paradoxe et nous plonge dans la noirceur de l'humanité.

Le film a été projeté à l'Auditorium de Lyon le 15 octobre 2009 dans le cadre du festival Lumière 2009. J'ai ainsi pu le découvrir comme il était diffusé au moment de sa sortie : accompagné en direct.

C'est le chef d'orchestre Timothy Brock, grand amateur et restaurateur des partitions de Chaplin, qui a conduit l'orchestre de Lyon. La partition écrite par Violeta Dinescu (compositrice roumaine) a très bien su illustrer le drame qui se jouait sous nos yeux, notamment grâce aux percussions.

Un moment mémorable.

lundi 20 juillet 2009

The Reader

de Stephen Daldry, avec Kate Winslet, Ralph Fiennes, David Kross et Bruno Ganz (2h03).

The Reader est l'adaptation d'un roman de Bernhard Schlink ("Le liseur") écrit en 1995. Il raconte l'histoire d'un adolescent qui tombe amoureux d'une femme mûre (il a 15 ans, elle en a 35) dont il ne sait pas grand chose si ce n'est qu'elle s'appelle Hanna, est contrôleur de bus et aime qu'on lui fasse la lecture.
Leur histoire d'amour dure le temps d'un été (1958) avant qu'elle ne disparaisse du jour au lendemain sans laisser de trace. Etudiant en droit, Michael retrouve néanmoins Hanna quelques années plus tard lors du procès retentissant de 6 femmes jugées pour crimes de guerre nazis.
Les sujets sont graves. Le film est subtil, ménageant des zones d'ombre pour mieux nous laisser dans le doute et nous faire réfléchir à la situation.
Comme le jeune Michael devenu adulte, on ne sort pas indemne de cette histoire. Les acteurs y sont pour beaucoup : Kate Winslet tout d'abord qui interprète, toute en subtilité, le rôle d'Hanna Schmitz, à la fois victime et bourreau de son époque. Elle a d'ailleurs obtenu l'Oscar du meilleur rôle féminin pour ce film. Puis David Kross et Ralph Fiennes, interprétant de manière sensible les rôles de Michael Berg jeune et d'âge mûr, troublé physiquement puis intellectuellement par cette femme portant un terrible secret. Enfin, on mentionnera également Bruno Ganz en prof de droit s'interrogeant sur l'humanité des lois et Lena Olin en rescapée des camps, digne et distante.
Un film à voir et à méditer.

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mercredi 15 juillet 2009

Whatever works

de Woody Allen, avec Larry David, Evan Rachel Wood et Patricia Clarkson (1h32).

Boris Yellnikoff est un soit-disant génie de la physique qui a raté, notamment, le prix Nobel ! Il est également malheureux en mariage. Pas étonnant, avec la misanthropie qu'il trimballe... Un soir, le hasard place sur son chemin la jeune Melody, sans domicile fixe à la recherche d'un refuge. Boris accepte de l'héberger pour la dépanner... et finit par l'épouser. Elle est aussi gaie qu'il est taciturne. Tel Pygmalion, il sculpte la pensée de Melody à son image : noire. Ces deux-là font la paire, jusqu'à ce qu'arrivent dans leur entourage les parents de la jeune femme...

" N'importe quoi, pourvu que ça marche ". Telle est la traduction du titre original du film. On sait depuis Vicky Christina Barcelona que Woody Allen est plutôt libertaire. Il le prouve une fois de plus dans ce film. On retrouve ici la veine des anciens Woody, avant la trilogie européenne. Le décor est celui de New-York, sa ville fétiche. Le personne principal, bien que n'étant pas interprété par Woody himself, nous rappelle fortement le mari d'Annie Hall : le jeu et la diction de Larry David, scénariste et acteur dans la série Seinfeld, en témoignent. Le ton du film est léger, digne d'un classique du réalisateur.

On est ravis de retrouver enfin le Woody Allen que l'on aime !

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mardi 2 juin 2009

Good morning England

de Richard Curtis, avec Philip Seymour Hoffman (2h15).

1966. Le Royaume-Uni interdit la diffusion du rock and roll à la radio. Un producteur indépendant a l'idée de créer une station de radio sur un bateau et d'émettre depuis la Mer du Nord. Les autorités décident alors de s'attaquer à Radio rock pour faire stopper la diffusion...

Idée originale que celle de s'attaquer au thème des radios pirates anglaises des années 1960 qui avaient pour vocation de diffuser le rock and roll, malgré l'opposition politique de l'époque.

Le film témoigne d'une époque où les Rolling Stones et autres Jimi Hendricks étaient bannis des ondes britanniques. La bande-originale du film est à ce sujet révélatrice de la richesse musicale et de l'esprit de fronde de l'époque. Le ton est volontiers provocateur et reflète bien l'atmosphère des années 1960.

Néanmoins, il manque au film un scénario qui aurait pu maintenir le rythme du film pendant toute sa durée. La promiscuité et le huis-clos deviennent vite ennuyeux, faute d'événements. De plus, les "méchants" sont trop caricaturaux pour être crédibles.

Reste un bon divertissement pour les amateurs de musique des années 60 ou nostalgiques de l'époque.

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dimanche 3 mai 2009

Still walking


de Kore-Eda Hirokazu (1h55).

Repas de famille à Yokohama, où un frère et une soeur sont invités pas leurs parents pour commémorer l'anniversaire de la mort de leur frère ainé.

Par petites touches, le réalisateur nous introduit dans l'histoire d'une famille ordinaire, peuplée de déceptions, incompréhension, amour et tendresse, se mêlant tour à tour dans les scènes de la vie courante.

On pense à Ozu et sa représentation de la société japonaise. Pourtant, les temps ont changé et la vie au Japon nous semble aujourd'hui beaucoup moins exotique que chez le maître.

Pourtant, cela ne dessert pas le film. Au contraire, les personnages nous semblent d'autant plus proches. Celui de Ryota en particulier : marié à une veuve avec enfant (une femme de seconde main pour la mère !), il tait son chômage pour garder honneur devant son père qui aurait voulu que ses deux fils soient médecin, comme lui.

Il est question dans ce film de la famille, des rapports parent/enfant, du vieillissement et de la mort. De la vie en général, en somme. Tout cela au rythme tranquille de la balade pratiquée par le père pour se maintenir en forme mais aussi par la famille pour se rendre sur la tombe du fils ainé.

Un film très subtil sur les relations douces-amères au sein de la famille.

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jeudi 23 avril 2009

Dans la brume électrique

de Bertrand Tavernier, avec Tommy Lee Jones et John Goodman (1h57).

Une jeune prostituée est retrouvée morte et sérieusement mutilée dans le bayou, tout proche de New Iberia en Louisiane. Dave Robicheaux est chargé de l'enquête. Il soupçonne "Baby Feet" Balboni d'être responsable de ce meurtre...

Adapté d'un roman de James Lee Burke, "Dans la brume électrique avec les morts confédérés", c'est le premier film de Bertrand Tavernier tourné aux Etats-Unis. Le réalisateur passionné de cinéma américain a souhaité situer son film sur les lieux mêmes de l'histoire imaginée par l'auteur.

L'atmosphère du film est très réussie, évoquant à merveille l'univers particulier de la Louisiane, frappée récemment par l'ouragan Katrina. Les images du chef opérateur Bruno de Keyser ("La vie et rien d'autre", "Autour de minuit") et la musique de Marco Beltrami ("Mesrine") contribuent grandement à traduire sur l'écran le délitement d'une société frappée par la gangrène mafieuse.

Enfin, Tommy Lee Jones est très juste dans le rôle de Dave Robicheaux. A la fois fragile et révolté, il interprète magnifiquement l'ambiguité du personnage.
Grand Prix (mérité) du premier festival international du film policier de Beaune en 2009.


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mercredi 22 avril 2009

Ponyo sur la falaise

d'Hayao Miyazaki (1h41).

Alors qu'il s'amuse au bord de l'eau, le petit Sosuke découvre une petite fille-poisson rouge coinçée dans un bocal de confiture. Il la sauve et décide de toujours la protéger. Commence alors une histoire d'amitié entre Sosuke et sa protégée qu'il décide de nommer Ponyo.
Cependant, le magicien Fujimoto, père de Ponyo ne l'entend pas de cette oreille et décide de récupérer la petit fille...

Adaptation de la Petite Sirène d'Andersen par le maître du cinéma d'animation japonais, "Ponyo sur la falaise" marque le retour de Miyazaki après "Le château ambulant" sorti en 2004.

On y retrouve le thème de la relation de l'homme à son environnement naturel avec l'inondation qui frappe le village du petit Sosuke.
Comme très souvent dans l'univers de Miyazaki, l'innocence de l'enfant est mise en exergue dans un monde parfois menaçant, peuplé de personnages fantastiques, à l'image de ces immenses vagues qui courent sur la mer.

Le créateur des studios Ghibli s'est également inspiré de La Walkyrie, opéra de Wagner : on retrouve en effet dans le film le thème sonore de la chevauchée ainsi que le nom d'une des Walkyrie, Brunhilde, correspondant au vrai prénom de Ponyo.

Un joli conte entre mer et terre.


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Les 3 royaumes

de John Woo, avec Tony Leung et Takeshi Kaneshiro (2h25).

En 208 après J.C., le jeune empereur Han Xiandi règne sur la Chine pourtant divisée en 3 royaumes. Son Premier ministre Cao Cao rêve de s'installer sur le trône d'un empire unifié. Il convaint donc l'empereur de se lancer dans une bataille contre l'empire du sud-ouest Shu dirigé par Liu Bei. Mais Liu Bei envoie Zhuge Liang, son conseiller militaire au royaume de Wu pour y obtenir une alliance. Furieux, Cao Cao envoie une force de 800 000 soldats et 2 000 bateaux pour les écraser.

La bataille de la Falaise rouge évoquée dans ce film de John Woo a été élevée au rang de mythe au XIIIème siècle grâce à un récit épique attribué à Luo Guanzhong : l'Epopée des trois royaumes.
John Woo a décidé d'en faire une fresque épique à la manière hollywoodienne, utilisant tous les moyens visuels utilisés dans l'industrie américaine afin de rendre compte de l'héroïsme des personnages.

"Mon objectif avec ce film était de franchir les barrières culturelles et historiques de façon à donner au public occidental le sentiment de regarder "une guerre de Troie asiatique"".
Au vu de ce film, je pense que l'objectif est atteint dans la mesure où les moyens utilisés reflètent bien le côté épique de la bataille.

John Woo utilise par ailleurs les talents d'acteurs chinois ayant fait leurs preuves dans d'autres films d'actions asiatiques comme Tony Leung (Infernal Affairs, Hero) ou Takeshi Kaneshiro (Le secret des poignards volants, Hero).

Néanmoins, le film manque peut-être un peu de psychologie et reste un peu long pour nous autres occidentaux, malgré la version "abrégée" qui nous est proposée par rapport à la version chinoise. Un beau spectacle visuel néanmoins.


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lundi 30 mars 2009

La vague

de Dennis Gansel.

Qu'est-ce que l'autocratie ? Tel est le sujet proposé par le professeur Rainer Wenger à ses élèves. L'autre partie de la classe réfléchira sur la notion d'anarchie.

Par la pratique, l'enseignant décide d'analyser les ressorts de cette forme de gouvernement où le souverain exerce un pouvoir absolu : en somme, une dictature.

Blasés, les élèves expriment leur souhait d'en finir avec le nazisme : depuis le temps qu'on leur en parle, ils ont bien conscience de ses dérives. Pourtant, ils se prennent au jeu de l'expérimentation. Leur mouvement se nommera la vague, leur tenue sera composée d'un jean et d'une chemise blanche et leur signe de ralliement sera un geste de la main reproduisant le mouvement ondulatoire des flots marins.

Décortiquant le processus psychologique par lequel un leader (l'enseignant) réussit à diriger un groupe d'individu, le film est fascinant et très prenant. On ne cesse de se demander ce que l'on aurait fait à la place des protagonistes de l'histoire. Et quand on sait que le film est l'adaptation d'un roman de Todd Strasser relatant lui même un fait divers, on ne peut que frissonner.

La mise en scène évoque habilement la frénésie qui s'empare des membres de la "Vague", soulignée par une musique tonitruante annonçant le chaos.
L'acteur Jurgen est très convaincant dans le rôle de l'enseignant dépassé par le mouvement qu'il met en place.

mardi 24 mars 2009

The chaser

de Na Hong Jin (2h03).

Joong-ho est un ancien flic devenu proxénète. Plusieurs de "ses prostituées" ont disparu sans laisser de traces. Il découvre dans son registre qu'elles ont toutes été appelées par la même personne avant de s'évaporer. Commence alors une traque pour retrouver l'homme que Joong-ho soupçonne de kidnapper "ses filles" pour les vendre à un autre proxénète.

Présenté au dernier festival de Cannes hors compétition et primé au festival du cinéma asiatique de Deauville, The Chaser est un premier film.

Riche en rebondissements, ce film est une nouvelle preuve du dynamisme du cinéma coréen. On ne peut s'empêcher à Park Chan-wook et son admirable Old boy, de par la tension psychologique et la violence qui règnent dans le film.

On parle déjà d'un remake américain avec Leonardo Di Caprio.

lundi 23 mars 2009

Slumdog millionnaire


de Danny Boyle, avec Dev Patel (2h).

Littéralement, le titre du film signifie : le "chien des bidonvilles" millionnaire. La question est en effet de savoir comment un jeune issu des bidonvilles de Bombay réussit à répondre aux énigmes de l'émission "Qui veut gagner des millions ?".

Adapté d'un roman indien de Vikas Swarup (Q&A), le film de Danny Boyle répond assez habilement à la question par un jeu de flash-backs.
On se laisse prendre à l'histoire assez extraordinaire du jeune Jamal Malik, rescapé de toutes sortes de barbaries pouvant être pratiquées dans la jungle d'un bidonville comme celui de Bombay, et candidat à un jeu télévisé ultra-populaire.

Les images sont déroutantes, parfois granuleuses, comme pour donner une impression de "pris sur le vif". La mise en scène est très "voyante", voire provoquante, comme Danny Boyle l'avait déjà fait dans Trainspotting. L'histoire est très "holly-bollywoodienne".

Pourtant, ça fonctionne très bien et on éprouve du plaisir. Que demander de plus. Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure adaptation de l'année.

Le petit fugitif (1953)


de Morris Engel, Ruth Orkin et Ray Ashley (1h20).

Agé de 7 ans, Joey vit dans l'admiration de son grand frère Lenny. Tous deux sont élevés dans le quartier de Brooklyn par leur mère. Cette dernière doit se rendre chez sa mère et confie la garde de Joey à son grand frère. Pour s'en débarrasser, Lennie fait mine d'avoir été tué par une balle perdue tirée par son frère. Effrayé, celui-ci prend la fuite et se retrouve à Coney Island où il va apprendre l'autonomie.

Lion d'argent à la Mostra de Venise en 1953, ex-aequo avec Les contes de la lune vague après la pluie de K. Mizoguchi, Les Vitelloni de F. Fellini et Moulin Rouge de J. Renoir, Le petit fugitif est un pur chef d'oeuvre visuel réalisé par 3 grands noms de la photographie américaine.

Au delà de cette beauté formelle, le film témoigne également d'une grande tendresse pour le personnage de Joey, magistralement interprété par le jeune Richie Andrusco.
On passe un très bon moment, à la fête foraine comme à la plage. A voir absolument, en copie neuve.

lundi 2 mars 2009

Gran Torino


de Clint Eastwood, avec Clint Eastwood et Bee Vang (1h55).

Le film commence par un enterrement : celui de l'épouse de Walt Kowalski (Clint himself). Ses deux fils se demandent alors ce qu'ils vont faire de leur père, vétéran de Corée un tant soit peu grognon et misanthrope. Une nuit, ce dernier est dérangé par son jeune voisin qui tente de lui voler sa voiture...

Difficile de résumer un film aussi riche que le dernier opus du grand Clint, évoquant à la fois les relations familiales et la cohabitation entre communautés d'origines différentes, la vieillesse et l'incompréhension.

Ce que j'aime chez Clint Eastwood, c'est qu'il réussit toujours à faire des films en apparence populaires et finalement beaucoup plus profonds qu'ils n'y paraissent.

Les grognements de son personnage sont, il est vrai, un peu caricaturaux, au premier degré, mais tellement symboliques de la frustration qu'il éprouve vis à vis de ses voisins et de sa famille. Sans doute faut-il voir au-delà des apparences et ne pas s'arrêter à la surface, à la carapace. Tout est question d'ouverture et de compréhension.

Bien compris, Mister Eastwood !

jeudi 26 février 2009

Espions


de Nicolas Saada, avec Guillaume Canet, Géraldine Pailhas, Hippolyte Girardot, Stephen Rea (1h39).

Vincent (Guillaume Canet) a fait de brillantes études, mais ne souhaitant pas "se fixer", il vit de petits boulots. Bagagiste à l'aéroport de Roissy, il vole occasionnellement dans les valises, avec la complicité de son collègue, Gérard. Un jour, malgré les consignes, ils ouvrent une valise de diplomate. Celle-ci explose. Son collègue est tué et il se retrouve mêlé malgré lui à une affaire d'espionnage qui place sur sa route la belle épouse (Géraldine Pailhas) d'un chef d'entreprise de l'industrie pharmaceutique travaillant en Syrie.

Premier long métrage de Nicolas Saada, ancien critique aux Cahiers du Cinéma, passionné de cinéma américain. On trouve dans son film la tension psychologique du cinéma d'outre-atlantique. De plus, sa mise en scène sait maintenir le suspense dans les moments clés du film (le diner chez l'industriel, la scène de l'aéroport).

Guillaume Canet est très juste dans son rôle de jeune homme intelligent mais têtu tandis que Géraldine Pailhas, très classe, exprime avec finesse la solitude d'une femme de chef d'industrie international.

mardi 24 février 2009

L'étrange histoire de Benjamin Button


de David Fincher, avec Brad Pitt et Cate Blanchett (2h35).

Naître avec la physiologie d'un homme de 80 ans, ce n'est effectivement pas commun. Et pourtant, c'est bien l'histoire de Benjamin, né dans une bonne famille de la Nouvelle Orléans et aussitôt abandonné par son père, effrayé par la différence.

Mais Benjamin est né sous une bonne étoile et trouve refuge... dans une maison de retraite. Que pouvait-il espérer de mieux que de se retrouver parmi ses pairs, d'apparence tout au moins. Parce que sous ses airs de vieillard, ce n'est qu'un enfant.

Adapté d'une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald, le film nous mène sur les traces de cet homme né vieillard qui rajeunit avec le temps et croise sur son chemin des individus hors norme qui le font grandir en même temps qu'il rajeunit.

Malheureusement, David Fincher n'aborde que peu la difficulté de la différence et le fait de vivre à contre-courant. Cette nouvelle était-elle faite pour le cinéma ? Comment montrer un bébé vieillard sans friser le ridicule ? Ce sont les questions que l'on peut se poser après avoir vu le film et en attendant de lire la nouvelle.

Les maquillages sont remarquables.

mercredi 18 février 2009

Eden à l'ouest


de Costa-Gavras, avec Riccardo Scamarcio, Eric Caravaca, Ulrich Tukur et Annie Dupeyrey (1h50).

Elias est ce qu'on appelle un candidat à l'exil : de sa Grèce natale, il rejoint un bateau rempli de passagers clandestins, en direction de l'Europe. Malheureusement, leur embarcation est arraisonnée. Il profite de la panique pour se jeter à l'eau et rejoindre les côtes à la nage.

C'est le début pour lui d'une épopée qui le mènera à Paris, à la recherche d'un eldorado qui n'existe sans doute pas...

Lui même exilé, Costa-Gavras a choisi l'immigration comme thème principal de son dernier film. Son personnage est pur et rempli d'idéalisme. Mais il va vite découvrir que l'Occident n'est pas aussi accueillant qu'il l'imaginait. Débrouillard, il réussit néanmoins à s'en sortir, malgré l'opposition omniprésente de la police.

Connaissant le réalisateur de Z et Amen !, on aurait pu s'attendre à un pamphlet contre les politiques actuelles de lutte contre l'immigration clandestine. Ce n'est pas le point de vue choisi par Costa-Gavras et on est un peu déroutés par le manque de point de vue dont souffre le film.

A noter néanmoins une interprétation intéressante de Riccardo Scamarcio, jeune acteur aux yeux clairs découvert dans Romanzo Criminale, qui réussit à faire passer la naïveté du personnage avec peu de dialogues et en grande partie par ses expressions.

dimanche 15 février 2009

La nuit du chasseur (1955)


de Charles Laughton, avec Robert Mitchum, Shelley Winters et Lillian Gish (1h33).

Quel plaisir à la vision de ce film, unique réalisation de Charles Laughton !
On aimerait voir plus souvent des films de cette force et intensité.

Le scénario en est simple : un pasteur psychopathe rencontre en prison l'auteur d'un cambriolage comdamné à mort. A sa sortie de prison, il décide de se rendre dans la famille du condamné à mort pour y chercher l'argent que la police n'a pas réussi à trouver. Il va se heurter à la résistance des enfants du défunt, qui eux connaissent l'endroit où se trouve le magot.

La mise en scène est magnifique, sombre noir et blanc aux ombres révélatrices et inventivité visuelle et dramatique. Parmi les moments forts, on retiendra la nuit de noces et la lutte entre le bien (love) et le mal (hate) gravés sur les phalanges du pasteur.

On assiste d'ailleurs à un grand numéro de Robert Mitchum, dans un rôle effrayant à souhait. Lillian Gish est quant à elle très touchante dans son interprétation de Miss Cooper, protectrice des deux enfants.

lundi 9 février 2009

Il Divo


de Paolo Sorrentino, avec Toni Servillo (1h58).

Il Divo, c'est le Divin, l'un des surnoms donnés à Giulio Andreotti avec celui de Belzebuth, ou encore du Bossu. En effet, l'homme politique a une posture de bossu, engoncé dans son costume et caché derrière de grosses lunettes.

Giulio Andreotti est un mamouth du monde politique : 7 fois président du Conseil et 25 fois ministre. Personnage incontournable de ces 50 dernières années en Italie, c'est un bloc, mystérieux et intrigant. On le soupçonne d'être mêlé à plusieurs assassinats mais rien n'a jamais pu être prouvé.

Fasciné par l'homme politique, Paolo Sorrentino a choisi une mise en scène tonitruante pour présenter le leader du parti démocrate chrétien. La charge est incisive en même temps que brillante. Le moins que l'on puisse dire est que Sorrentino fait preuve d'une grande maestria et dépoussière le genre du film politique.

La grande force du film réside aussi dans l'interprétation que donne Toni Servillo de l'homme politique. Sa posture fait penser à celle du Nosferatu de Murnau et son attitude très distanciée est parfaite, laissant planer le mystère et l'ambigüité sur cet homme on ne peut plus controversé.

dimanche 8 février 2009

Walkyrie


de Bryan Singer, avec Tom Cruise, Terence Stamp et Kenneth Branagh.

Bien sûr, les cinéphiles connaissent la chevauchée des Walkyries de Wagner, grâce à Francis Ford Coppola et Apocalypse now.
En revanche, qui connaissait l'opération Walkyrie avant ce film.
Le scénario, historique et fascinant, est l'histoire vrai d'une tentative d'assassinat menée contre Hitler en juillet 1944 par un groupe de conjurés menés par le colonel Von Stauffenberg.

Le film met l'accent sur la résistance allemande à Hitler et montre comment le colonel Von Stauffenberg, après avoir embrassé la cause du Führer, envisage de l'assassiner pour sauver ce qui reste de l'Allemagne.
Au delà d'un destin individuel, l'histoire est aussi celle du complot fomenté par plusieurs hommes pour reprendre le pouvoir aux mains d'Hitler en détournant les objectifs premiers de l'opération Walkyrie. Ce nom désigne en effet un plan de sauvetage destiné à mobiliser l'armée de réserve allemande dans l'éventualité de troubles de l'ordre public. Les conjurés avaient imaginé utiliser les forces de cette armée de réserve pour établir un nouveau gouvernement. Mais le complot ne fonctionne pas comme prévu...

Bryan Singer traite son histoire comme un film d'action, réussissant à ménager une tension psychologique, comme il avait si bien su le faire dans Usual suspects. Il s'égare parfois à des effets de mise en scène comme la contre-plongée sur le tourne-disque diffusant Walkyrie de Wagner pendant un bombardement, mais le rythme du film est soutenu et l'on ne s'ennuie jamais.

Tom Cruise est parfait dans le rôle du colonel Von Stauffenberg, officier déçu par Hitler au point de décider de l'assassiner pour défendre la dignité de son pays. Terence Stamp et Kenneth Branagh dans les rôles de Beck et Von Tresckow sont également très convaicants.

lundi 2 février 2009

Che. 2ème partie : Guérilla


Film de Steven Soderbergh, avec Benicio Del Toro et Joaquim de Almeida.

Je pensais être sortie de la jungle avec le 1er épisode et voici que Soderbergh nous y replonge dans le 2ème opus.

Finalement, je pense ne pas être faite pour la révolution, si celle-ci doit être armée. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir envie de refaire le monde !

Bref, rien de plus enthousiasmant dans le Che 2 que dans la première partie. Benicio Del Toro est toujours aussi convaincant dans le rôle mais cela ne suffit pas selon moi à faire un grand film.

J'attendrai néanmoins le prochain film de Steven Soderbergh.

mercredi 28 janvier 2009

Séraphine


De Martin Provost, avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent.

Nom : Louis. Prénom : Séraphine. Plus connue des amateurs d'art sous le nom de Séraphine de Senlis. C'est dans cette ville en effet que le collectionneur Wilhelm Uhde rencontre sa peinture.

Pourtant, Séraphine n'est qu'une femme de ménage raillée et humiliée lorsque le découvreur du Douanier Rousseau voit en elle des talents de peintre.

La force du film est de nous présenter cette femme qui parle aux arbres et à la nature sans jugement aucun. Et même avec beaucoup de tendresse. Le personnage se dévoile par petites touches, ce qui rappelle un peu la façon dont une toile peut prendre forme sous nos yeux.

Yolande Moreau interprète, une fois de plus de façon très juste, le rôle de cette femme hors norme qui semble puiser son inspiration de la nature. Il semble même y avoir quelquechose de divin dans son talent.

Face à elle, Ulrich Tukur, l'officier allemand d'Amen de Costa-Gavras, est lui aussi très convaincant dans le rôle du critique d'art qui se bat pour faire connaître la peinture de Séraphine.

Et l'on n'en dira pas moins d'Anne Bennent, fille d'Heinz Bennent (le metteur en scène de théatre dans Le dernier métro de François Truffaut) et soeur de David Bennent (qui interprétait le rôle de l'enfant dans le Tambour de Volker Schlöndorff), qui joue le rôle de la soeur de Wilhelm Uhde.

On sort du film avec l'envie d'en savoir plus sur Séraphine de Senlis et son histoire, et ça, c'est plutôt intéressant !

mardi 27 janvier 2009

Che. 1ère partie : l'Argentin


de Steven Soderbergh, avec Benicio Del Toro.

Tout le monde connaît Che Guevara, le révolutionnaire argentin, acteur de la révolution cubaine avec Fidel Castro.

Nous avions découvert le voyage initiatique du jeune Ernesto, étudiant en médecine à la découverte de l'Amérique latine, dans le film de Walter Salles, Carnets de voyage.

On aurait aimé que Soderbergh explique comment et pourquoi le fils de bonne famille s'est engagé dans la révolution. Au lieu de cela, nous suivons les troupes des opposants à Battista dans la jungle. Et ça s'éternise...

Parallèlement aux scènes de guérilla, le réalisateur a choisi de montrer le Che plaidant la cause de l'Amérique du Sud devant l'ONU. Le contraste est étrange, mais pas forcément significatif.

Certes, Soderbergh fait preuve d'un sens de la mise en scène incontestable. Et Benicio Del Toro est très convaincant dans son incarnation du Che. Mais qu'apporte ce film à l'icone révolutionnaire ? Pas grand chose. Dommage.

On attend la suite en espérant qu'elle sera plus concluante ou encore qu'elle apportera un pendant à la première partie.

lundi 26 janvier 2009

Bienvenue sur Ciné-Tic


Ça y est, je me suis décidée à créer mon blog. Pour parler de cinéma, ma passion depuis de nombreuses années.

Je me présente : mon surnom est Mouchette. En référence au personnage du film de Bresson.

J'ai animé pendant plusieurs années une émission de radio sur le cinéma. Et puis ça s'est arrêté. Mais j'ai bien sûr continué à fréquenter les salles obscures.

Ce blog marque donc pour moi le début d'une nouvelle aventure cinématographique, grâce à laquelle j'espère pouvoir vous transmettre ma vision et mon amour du septième art.

A bientôt sur ce canal.